AMITIÉ

  Quoi de plus noble que l’amitié ? Quoi de plus agréable et de plus gratifiant que de pouvoir partager un peu de son temps, de sa vie, de soi, avec une personne dont on chérit la présence à ses côtés ? Quoi de plus enthousiasmant que d’être à même d’échanger avec elle sur toutes sortes de sujets ? Quoi de plus réconfortant que de pouvoir se confier à elle aussi, parfois ? Quelle plus belle marque de confiance de sa part que de recevoir ses confidences ? Quoi de plus précieux que sa présence chaleureuse et ses paroles lénifiantes dans les moments de détresse ?

  Un ami est quelqu’un sur qui tu peux compter et qui peut compter sur toi en toutes circonstances. Il existe une sorte de contrat moral entre vous deux. Un contrat virtuel qui n’a nul besoin d’être acté sur le papier ou sur un quelconque support matériel. Car ce contrat est régi par l’amour, lequel est par nature spontané, évident, implicite.

  Toutefois, c’est un contrat qui comme tout autre implique la réciprocité. La véritable amitié nous oblige l’un envers l’autre à cet équilibre, à l’honnêteté, ainsi qu’à la fidélité. Si elle ne réunit pas ces trois caractéristiques, alors cette amitié n’en est pas.

Pourquoi la réciprocité ? Parce que les véritables amis sont les miroirs l’un de l’autre. Ils se renvoient souvent leur propre image. Les amis ne deviennent-ils pas amis, la plupart du temps, parce qu’ils se trouvent des points communs et qu’ils ont des philosophies de vie et des convictions similaires ? C’est bien pourquoi, d’ailleurs, l’honnêteté va de soi en amitié, car les amis étant les miroirs l’un de l’autre, ils ne peuvent rien se cacher. Ils se sentent, se ressentent, se devinent.

  C’est pour cela que la trahison d’un ami fait tant souffrir, car en trahissant un ami, on touche à son être intérieur, à son moi profond, à son âme. C’est la raison pour laquelle une telle meurtrissure est si difficile à pardonner. Peut-être plus encore qu’une blessure sentimentale.

  En effet, il n’est pas exceptionnel d’aimer d’amour romantique ou passionnel une personne complètement différente de soi, voire à l’opposé. Dans ce cas, la passion nous conduira à pardonner plus aisément à l’autre ce qui heurte notre sensibilité, notre âme. Certains en arriveront même, parfois, à pardonner immédiatement l’impardonnable.

  Avec un ami c’est différent. Car s’il peut arriver que l’amour passionnel nous tombe dessus sans crier gare et sans aucune logique, l’amitié, elle, se choisit. Elle se construit et se renforce au fil du temps.

  L’affinité entre deux personnes est spontanée, elle naît souvent d’une similitude de pensée et de préférences communes. L’amitié est dans le prolongement de ce premier contact. Elle se construit au fil des découvertes que l’on fait l’un sur l’autre, relativement à ces similitudes qui nous ravissent. C’est pourquoi en côtoyant ses amis l’on a parfois l’impression d’aller à la rencontre de soi-même. Il n’est pas rare, en l’occurrence, d’en apprendre énormément sur soi à travers notre amitié envers un autre.

  Ainsi, deux amis découvriront peut-être au fil de leurs conversations qu’ils souffrent des mêmes blessures d’enfance. Leurs conseils réciproques en la matière, et en fonction de ce que l’un ou l’autre aura réussi à guérir à ce propos, pourront se révéler très bénéfiques. À l’un comme à l’autre.

  Aucune amitié n’arrive par hasard dans notre vie. Elle est tel ce bâton du berger, lequel, alors que la nuit se met à tomber et que l’on y voit moins clair, fouille devant lui le sol enténébré du sentier, afin d’y détecter d’éventuelles pierres susceptibles de le faire trébucher. Son bâton l’aide aussi à supporter le poids de son corps fatigué, après une longue marche à travers les alpages.

  Si tu vois ce symbole illustrant l’amitié, c’est que l’on t’appelle à réfléchir sur le sujet.

  As-tu un ou une amie sur qui compter ? Cette relation d’amitié est-elle entretenue, d’un côté comme de l’autre ? Fais-tu ce qu’il faut pour cela ou as-tu laissé le lien se détendre ? Ou bien, à l’inverse, est-ce ton ami qui t’a un peu laissé tomber ? Que peux-tu faire pour arranger les choses dans l’une ou l’autre des situations ?

  Est-ce que le sentiment qui te lie à cette personne est réellement de l’amitié, et ce sentiment vaut-il la peine que tu le préserves ? Ne t’es-tu pas leurré à ce propos ? Si tu ne sais pas vraiment comment répondre à cette question, interroge-toi d'une autre façon en observant tes réactions et en écoutant ton corps. Repense à ta dernière entrevue avec cette personne. Comment te sentais-tu ? Léger, en confiance et à ta place ? Ou au contraire mal à l’aise, sur la défensive ? Retenais-tu tes mots et tes gestes ? Tu auras ainsi la réponse à ta question. Car la véritable amitié est spontanée et exempte de peur. Elle est ouverture sur l'autre et décontraction totale en sa présence.

  Si tu t’aperçois, à ton grand désarroi, que celui que tu croyais ton ami t’a trahi de la plus vile des façons, si pour cela tu as été contraint de mettre fin à votre relation, ne renonce pas pour autant à l’amitié. Car ce n’est pas le sentiment qui t’a trahi, mais c’est la personne qui l’a incarné à ton intention à un moment donné de ta vie. Si cette personne de t’a pas présenté d'excuses à la suite de cette trahison, pardonne-lui tout de même en ton être intérieur, ne serait-ce que pour ton propre apaisement. Puis, si c’est possible, si c’est ce que tu souhaites, et si ton ami le veut aussi, tu pourras reprendre la relation en fondant celle-ci sur de nouvelles bases.

  Si c’est impossible pour toi, ou si ton ami n’est pas prêt à cela, laisse là votre relation et poursuis ton chemin. Il est des rencontres qui ne sont pas faites pour durer, elles sont là seulement pour jouer un rôle déterminant sur ton chemin de vie, et les amis peuvent constituer des révélateurs pour toi à cet égard. Aie conscience qu’en notre monde en trois dimensions, soumis aux contraintes de l’espace-temps, tout est impermanent et voué à disparaître avant de renaître sous une autre forme, l’amitié y comprise.

  Veux-tu connaître une sorte d’amitié réelle, indéfectible et éternelle qui ne te décevra jamais ni ne disparaîtra ? C’est l’amitié divine. Pourquoi cela ? Parce que cette amitié-là est d’autre temps, d’autre dimension. Elle réside en ton âme, elle-même nichée en ton cœur, là où naissent tes émotions et tes sentiments. Cette amitié-là ne te trahira pas, elle te sera toujours fidèle, puisqu’elle fait partie de toi. Si toutefois tu lui reconnais une existence réelle et une légitimité, bien entendu.

  L’amitié envers toi-même est ce qu’il y a de plus important et de plus précieux.   En quoi consiste-t-elle ?

  Elle te demande d’être respectueux, patient, compatissant et indulgent envers toi-même. Personne n’est parfait, et l’erreur est humaine. L’amitié divine, c’est l’amitié envers Dieu, mais c’est aussi l’amitié envers soi-même, puisque Dieu et les hommes ne font qu’un. Puisque nous sommes les éléments unis et séparés qui baignent dans le plasma d’amour de la matrice, et en même temps co-créateurs avec le Divin de la matrice elle-même.

  Aussi, veille d’abord à prendre soin de l’amitié envers toi-même. Ton meilleur ami, c’est ton moi supérieur. Et ton moi supérieur, c’est la voix de Dieu, de l’Intelligence supérieure, du Grand Tout, de l’âme universelle, comme tu préfères le nommer. Ton moi supérieur est celui qui te connaît le mieux. Il sait parfaitement ce dont tu as besoin, ce qui te motive, ce qui t’élève, ce qui te porte. Il ne te conduira jamais sur des chemins contraires à ce qui te correspond. Chaque fois que tu te trompes de route, c’est parce que tu n’as pas écouté la voix de ton moi supérieur. Bien sûr, ce n’est pas grave, car quoi qu’il en soit, il se postera tout au bout de ce chemin et il t’y attendra, le temps qu’il faudra, jusqu’à ce que tu sois prêt à le suivre sur la bonne route. Tu auras seulement perdu un peu de temps en faisant un détour inutile. Toutefois, si tu veux arriver plus vite au royaume de ta paix intérieure, mieux vaut l’écouter dès la première fois, ne penses-tu pas ?

  C’est cela que signifie mettre sa confiance en Dieu. Dieu n’est pas un être extérieur très éloigné de nous, aussi bien par la distance que par la pensée, qui nous toiserait de son regard tout puissant en attendant de voir ce que nous allons faire de notre vie. Encore moins cet être impatient et colérique que certains décrivent, prêt à nous punir à la moindre faute.

  Dieu est compatissant et extrêmement patient. Certes, il ne peut approuver ce qui de nous est absolument contraire à sa nature divine. En effet, quand on agit contre nature – car c’est bien ce que nous faisons dans ce cas, puisque Dieu et nous sommes un –, nous bloquons l’énergie et de ce fait, nous interrompons la relation entre Dieu et nous. Aussi, nous ne sommes plus dans notre rôle. Dans ce cas, non seulement nous ne manifestons plus l’amour, mais il arrive parfois que nous fassions délibérément le contraire.

MPV