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Patience

 

PATIENCE

 

 

  Les hommes et les femmes d’aujourd’hui semblent avoir un sérieux problème avec le temps. C’est sans doute la raison pour laquelle ils ne cessent de courir après lui. Le fait est que la société consumériste dans laquelle nous vivons va constamment au-devant de nos désirs, en leur prêtant vie et en nous donnant accès à tout, à tout moment et en un temps record. Mais cela répond-il toujours à nos attentes et, surtout, à ce qui nous est nécessaire ? Par ailleurs, certaines choses peuvent-elles être accessibles dans la rapidité ?

 

  Lorsqu’ils formulent une demande, un vœu, lorsqu’ils expriment un désir ou créent un projet, les êtres humains que nous sommes voudraient recevoir des réponses et voir des résultats dans l’immédiat. Or, dans certains cas ceci est impossible. À part, évidemment, pour ces êtres rares, exceptionnels et hautement spirituels, capables d’opérer des miracles d’un seul toucher du doigt. Ou plus communément lorsque nous voulons obtenir quelque chose d’aussi simple et rapide que d’allumer en enclenchant un interrupteur.

 

  Dans la plupart des cas, faire aboutir un projet nécessite du temps et un processus parfois long. Selon sa complexité, celui-ci sera jalonné d’étapes nécessaires plus ou moins difficiles. Du moins si l’on veut que le résultat soit à la hauteur des attentes et des exigences. Plus le projet est important pour soi-même ou pour la collectivité, plus il va nécessiter pour son concepteur de grandir en expérience et en sagesse. Lorsque l’importance du projet est telle que celui-ci est susceptible de modifier le cours de l’humanité, toute une vie pourrait même être nécessaire à son concepteur pour se préparer à cette mission de la plus haute importance.

 

  Revenons pour l’instant à l’exemple simple d’une vie quotidienne, celle d’un psychothérapeute. Avant d’ouvrir son cabinet, il sera évidemment nécessaire à ce praticien de suivre des études, au cours desquelles il va apprendre les rudiments de la psychologie ou de la psychiatrie. Puis, son diplôme en poche et son cabinet ouvert, il devra constamment mettre ses connaissances à jour en fonction des nouvelles découvertes en sciences psychiatrique et psychologique. Mais sont-ce uniquement ses connaissances qui feront de notre homme un bon, voire un très bon thérapeute ? Pas du tout. Ce qui fera de lui un professionnel aguerri, ce seront tous ces fils et ces rouages qu’il aura dénoués au fil de ses interactions avec ses patients. Autrement dit, l’expérience qu’il aura acquise sur le « terrain ». Or, tout ceci ne se trouve pas dans les livres.

  Au fil de sa carrière, et après avoir franchi les étapes nécessaires, le psychothérapeute va acquérir cette fameuse expérience que seule la pratique du métier peut faire naître. Il lui faudra parfois toute une vie avant de devenir ce psychiatre reconnu, parfois mondialement, dont on viendra de partout quêter les conseils judicieux. Une notoriété qu’il n’aura d’ailleurs pas recherchée, la plupart du temps, contrairement à ce qu’imaginent les plus envieux. Il en est même parfois le premier surpris.

 

  Dès lors, qui cherche à atteindre dans un laps de temps très court le niveau de ce professionnel reconnu, en s’attendant à bénéficier de la même notoriété et du même pouvoir, risque fort d’être profondément déçu. On ne saurait trop conseiller à cette personne de faire preuve d’humilité et de patience, afin de laisser s’effectuer tranquillement le « travail de sa vie ».

 

  La patience est une vertu cardinale. Elle nous libère des contraintes du temps. Elle nous enseigne d’être qui nous sommes dans l’instant, sans chercher à ressembler à notre potentiel être futur. Elle nous conseille d’accepter le processus, afin que celui-ci puisse suivre son cours avec fluidité, sans provoquer du fait de notre impatience des interférences contreproductives. Ce qui compte, c’est ce que nous sommes dans l’instant, et ce que nous manifestons au présent, en fonction des données et de l’expérience que nous traversons à un instant T. Tout est correct. Tout arrive au bon moment. Tout s’inscrit dans un processus qui nous dépasse, bien souvent, et dont nous ne sommes même pas conscients, la plupart du temps, mais qui est nécessaire. C’est seulement avec beaucoup de recul sur les événements que nous parvenons à comprendre enfin pourquoi telle ou telle chose nous est arrivée à tel ou tel moment. En ces instants de révélation, nous nous écrions alors avec émerveillement : mais oui ! Mais bien sûr ! Voilà donc pourquoi s’est produit ceci ou cela ! Je devais comprendre telle ou telle chose, cerner telle ou telle personne, puis faire un nouveau choix par rapport à mon but, pour que s’enclenche ou se réenclenche le processus approprié.

 

  A posteriori, ce qui est encore plus réjouissant c’est de réaliser que, contre toute attente, nos erreurs se révèlent souvent précieuses pour la suite de notre vie. Car elles nous enseignent beaucoup plus qu’elles ne nous perturbent et nous ralentissent. Elles seront ce petit plus qui va nous permettre d’avancer encore plus loin, encore plus vite. À la différence toutefois que cette vitesse-là nous ne l’aurons pas souhaitée ni recherchée, mais qu’elle se sera manifestée spontanément, en réponse à notre lâcher-prise.

  À cet égard, on pourrait même pousser la réflexion plus loin encore, à travers cette pensée en apparence paradoxale : pour aller vite, mieux vaut aller lentement.

 

  Car tout cheminement important ne se fait pas du jour au lendemain. Il répond à un timing précis. Pour cela, nous sommes constamment guidés par Dieu, l’univers, notre moi supérieur, et ceci chaque fois que nous lâchons prise sans chercher à maîtriser absolument les événements ou le temps. Il existe un timing, oui, mais tout comme nous ne connaissons pas notre chemin de vie future, nous ne connaissons pas non plus l’heure de telle ou telle réalisation. Cette dernière se fait toujours selon un calendrier bien précis que nous ne découvrirons qu’a posteriori.

 

  C’est pourquoi il est important, tout autant qu’apaisant et bénéfique pour nous tous de faire preuve de patience, avec l’assurance de celui qui pense que quoi qu’il se passe, tout ce qu’il expérimente est nécessaire à son processus d’évolution personnelle. Par conséquent, il ne lui sert à rien, il lui est même déconseillé de tenter de maîtriser ce processus ou de précipiter les événements. Au risque de compromettre le timing.

 

  Jésus de Nazareth, cet être pur considéré comme le plus grand sage de tous les temps a prodigué un jour ce conseil précieux aux hommes de son époque, et celui-ci est toujours, et plus que jamais d’actualité : « soyez comme des enfants ».

 

  Quelles sont les principales caractéristiques d’un enfant sur le plan comportemental ?

Un enfant est naturel et spontané. Pour lui le blanc est blanc, et le noir est noir. Il n’ajoute aucune connotation positive ou négative ni aucune note de jugement moral à ses propos. Les mots qu’il emploie décrivent simplement les choses telles qu’il les perçoit au moyen de ses cinq sens. Ni plus ni moins.

  L’enfant en bas âge n’a également aucune notion du temps. Dire à un tout petit enfant : « nous ferons ceci ou cela demain ou après-demain » n’a aucun sens pour lui, et il n’en comprend pas le concept. Car il vit au présent. Lorsqu’il joue avec ses petites voitures ou ses petits personnages, il est tout entier avec eux, plongé dans l’instant, et c’est ce qui le rend heureux.

 

  La patience nous dit de faire comme le petit enfant, de nous immerger le plus souvent possible dans une activité qui nous rend heureux, et pour le reste, pour tout ce qui nécessite un processus d’apprentissage, de laisser faire le temps.

 

  Tu fais peut-être partie des personnes qui s’angoissent facilement parce que les choses n’avancent pas ou ne se présentent pas telles qu’il était prévu. La carte de l’horloge sans aiguilles t’invite à te donner de la joie, en lâchant prise, en vivant l’instant tel qu’il se présente à toi, et en faisant preuve de patience pour le reste, c’est-à-dire pour tout ce que tu ne peux maîtriser ni saisir dans l’instant.

La patience est la compagne fidèle des sages, et la sagesse ne s’apprend pas, elle s’acquiert plutôt au fil de l’expérience. 

 

MPV

 



20/08/2024
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