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Joie

 

JOIE

 

 

  S’il est un mot que peu de gens éprouvent le besoin d’expliquer, c’est bien le mot « joie », car la joie est l’une émotion des plus explicites. En tant que telle, ainsi que toutes les autres émotions, elle appartient au domaine du ressenti, et un ressenti ne s’explique pas par l’intellect. D’ailleurs, lorsque nous éprouvons de la joie, il ne nous viendrait même pas à l’idée de nous expliquer à nous-mêmes ce que ce ressenti signifie. Tout aussi inutile de l’expliquer aux autres, non seulement parce que les signes de cette joie sont nettement visibles sur nous, mais parce que pour l’avoir vécue eux-mêmes un jour, les autres savent très bien de quoi il s’agit.

 

  La joie fait partie des six émotions primaires, les cinq autres étant la peur, la colère, la surprise, la tristesse et le dégoût, et l’on pourrait faire le même constat à propos de chacune de ces dernières. Nul n’éprouve le besoin de s’expliquer ces émotions par l’intellect, puisque celles-ci appartiennent au domaine du ressenti, et que chacun de nous les a éprouvées au moins une fois dans sa vie, sans avoir besoin d’en expliquer les concepts.

 

  En revanche, il est important de savoir les identifier immédiatement au moment où elles apparaissent en nous, afin de pouvoir authentifier leur existence, avant de les concrétiser à travers nos paroles ou nos comportements.

 

  En effet, s’il n’est pas utile d’expliquer une émotion, en revanche il est primordial de lui reconnaître une existence. Or, le fait est que dans certains cas, l’on peut être dans le déni de celle-ci, même si tous les signes corporels semblent démontrer que l’on est en train de la ressentir. Dans ce cas, l’on fera tout pour la cacher, à soi-même ou aux autres, parfois les deux, et surtout, on se gardera de l’exprimer, afin que personne ne puisse deviner notre état d’esprit. C’est ainsi qu’il en est parfois avec notre sentiment de peur.

 

  Toutefois, cette réaction face à la peur n’est possible que si celle-ci est la réaction normale face à un danger concret, et non s’il s’agit d’une peur illusoire. En effet, il peut arriver que nous éprouvions de la peur à l’idée de rencontrer quelqu’un dont nous nous faisons une idée fausse, et que nous considérons peut-être à tort comme une personne malveillante. Dans ce cas précis, il sera toutefois possible de lui cacher la crainte que nous ressentons au moment de la rencontre. À condition, bien sûr, que notre interlocuteur ne soit pas particulièrement habile à repérer les faux-semblants.

En revanche, lorsque nous sommes confrontés à un véritable danger, cacher nos réactions de peur s’avère tout à fait impossible.

 

  Prenons l’exemple d’un homme qui doit affronter une situation périlleuse. Il est marin pécheur et il a voulu prendre la mer tout en sachant qu’une tempête se prépare. Il n’est donc pas quelqu’un de peureux par nature, et par ailleurs il semble aimer prendre des risques. Toutefois, au moment de la confrontation avec la tempête, qu’il n’a pas réussi à éviter comme il l’avait prévu, il est soudain assailli par la peur. En effet, les vagues sont impressionnantes, le vent souffle de plus en plus fort, et son embarcation tangue dangereusement. Il est terrorisé, et bien qu’il soit habitué à masquer continuellement sa peur par sa détermination et son courage, cette fois, il lui est impossible de faire comme si tout allait bien.

 

  Il en est de même pour les autres émotions, la joie y comprise. En effet, comment rester de marbre et montrer un visage impassible lorsque l’on est lycéen et que l’on vient d'apprendre que l’on est à présent titulaire du fameux diplôme pour lequel on vient de bachoter, parfois anxieusement, pendant des semaines ? Comment ne pas exprimer sa joie quand on retrouve un être cher que l’on croyait définitivement disparu ? Ou quand on apprend que l’on est complètement guéri d’une maladie grave ?

 

  Il est d’autres raisons, plus discrètes, de ressentir de la joie. Le fait d’être en présence de personnes que l’on aime, par exemple. Ou bien de se trouver en pleine nature, entouré que l'on est de verdure et de jolies fleurs. Ou encore d’entendre une musique mélodieuse, que celle-ci soit naturelle ou exprimée à travers une voix ou un instrument… Il est mille et une manières de ressentir de la joie. Mais l’exprimons-nous pleinement, cette joie ? Notre esprit est-il suffisamment apaisé pour pouvoir ressentir et surtout exprimer la variété des émotions qui surgissent ? Ainsi, lorsque nous baignons à longueur de journée dans une ambiance délétère faite de peurs littéralement fabriquées et regroupées en égrégores, sommes-nous encore capables de manifester de la joie lorsque celle-ci se manifeste ? Sommes-nous à même d’apprécier à sa juste valeur le parfum euphorisant d’une rose en pleine floraison ou un coucher de soleil sur la mer ? Ou bien nions-nous cette émotion de joie qui nous happerait immédiatement le cœur en d’autres circonstances ?

 

  Et pourtant, parmi les six émotions primaires, la joie est la plus positive, c’est dire si elle est importante, ne serait-ce que pour compenser un peu les effets des six autres lorsque nous les ressentons.

 

  Aussi, de grâce, ne la boude pas lorsqu’elle se manifeste à toi. Vis-là, cette joie, intensément, exagérément. Autant, si tu le souhaites, que si tu apprenais que tu viens de gagner au loto ou de retrouver l’élu de ton cœur après des mois de séparation. Éclate de rire, chante, danse, si tu en as envie. Ne te préoccupe pas de l’opinion des autres, de « ce qui se fait » ou « ne se fait pas ». Exprime-toi en toute liberté sans réfréner ton émotion ni tes élans. Ne pense pas non plus à ce qui peut arriver demain, après-demain, dans un mois, ou dans un an, même si cela est préoccupant à tes yeux. Pour l’instant, tu éprouves de la joie, alors vis-là !

 

  Certaines personnes sont incapables d’exprimer leur joie d’être, même lorsque c’est réellement ce qu’elles ressentent. Elles peuvent parfois être prisonnières de l’une des cinq autres, voire des cinq, que celles-ci soient dues à une cause extérieure réelle ou non.

 

  À cet égard, il est bien évident qu’il ne faut pas s’attendre à ce qu’un enfant martyr exprime de la joie. Bien souvent, même, hélas, cacher sa joie, si tant est qu’on lui laisse à un moment ou à un autre l’occasion de la ressentir, sera pour l’enfant une manière de se protéger. Car, nous le savons tous, la plupart des bourreaux prennent du plaisir à voir souffrir leurs victimes, et non pas à les voir heureuses. Au contraire, les voir en joie ne fait que décupler leur rage, et les encourage même encore plus à les violenter. Dans ce cas précis, réprimer sa joie est donc une réaction normale d’autoprotection.

 

  Malheureusement, comme cela se passe pour un grand nombre d’enfants martyrs, une fois parvenus à l’âge adulte et traumatisés à vie, ceux-ci continueront, par réflexe, à réprimer leurs joies, car pour eux, exprimer sa joie équivaut à recevoir de nouveaux coups dans la minute qui suit. Alors, bien sûr, à l’âge adulte, il ne s’agira pas de coups au sens physique du terme, cette fois, mais de supposées attaques verbales, par exemple, de critiques, de dévalorisation, que l’enfant martyr a vécues également, et qui d’ailleurs l’ont peut-être blessé encore plus profondément que les blessures physiques. 

 

  Une autre « raison » de cacher sa joie est lorsque l’on exprime depuis très longtemps un tempérament triste. L’on peut aussi être esclave de sa tristesse. Connais-tu une personne déprimée pour laquelle tu fais toujours tout ce qui est en ton pouvoir pour qu’elle retrouve le sourire ? Malgré cela, et même si la situation positive, enthousiasmante ou drôle que tu crées pour elle devrait la faire rire, au moins momentanément, cette dernière retient sa joie de toutes ces forces, avant de te faire la liste de tout ce qui, dans sa vie, l’empêche d’être heureuse.

 

  Nous avons tous connu de ces personnes, n’est-ce pas ? Parfois, nous entrons même dans leur jeu, secrètement déçus tout de même que tous nos efforts n’aient servi à rien. Nous pouvons également, dans certains cas, être agacés par leur attitude, et leur en vouloir secrètement de leur « ingratitude ».

 

  Ne leur en voulons pas trop, cependant, car ces personnes, en réalité, sont prisonnières d’un certain mode de fonctionnement. Bien sûr, au départ et dans la plupart des cas, elles n’ont pas provoqué elles-mêmes la cause de leur tristesse profonde, laquelle peut remonter à l’enfance ou à une trahison plus récente. Mais ensuite, au lieu de la regarder en face pour mieux la transcender, avec ou sans l’aide d’un thérapeute, elles la font perdurer, souvent inconsciemment. Pourquoi ?

 

  Parce qu’il existe une espèce de bénéfice secondaire à laisser voir sa tristesse aux autres. L’on attire ainsi leur attention, leur compassion, cet intérêt affectif si agréable et bienfaisant dont on a peut-être manqué pendant toute son enfance, voire toute sa vie. L’on a si peur de perdre cela, que l’on fait tout ce qu’il faut pour le faire perdurer.

 

  La personne qui agit ainsi fait fausse route sans s’en rendre compte. Elle ignore qu’elle risque plutôt de faire fuir les autres, fatigués que seront ces derniers de leurs efforts désespérément vains. Sans compter que la tristesse est contagieuse, et que ceux-ci seront parfois contraints de s’éloigner pour ne pas être « contaminés ».

 

  Nous voyons bien combien l’expression de la joie est importante, non seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour la fluidité de nos relations.

 

  Aussi, de même qu’il est important et nécessaire d’exprimer les cinq autres émotions pour ne pas que celles-ci s’impriment douloureusement en toi au point de fabriquer une maladie, exprime ta joie, de toutes les manières possibles, ne la réprime pas. Car cela fabrique en toi autant de molécules positives que nécessaire pour te permettre de combattre toutes les énergies négatives qui pourraient t’envelopper par la suite.

 

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02/09/2024
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