Le temps
Personne ne peut maîtriser le temps. On peut le mesurer, oui, en relation avec l’espace, dans la dimension matérielle, et en celle des émotions, lesquelles appartiennent à la dimension spirituelle. Le concept de temps en lui-même ne peut être défini dans l’absolu, en cet espace tridimensionnel dans lequel tu évolues. Dans le monde spirituel auquel tu as accès pour le moment de manière épisodique, il n’existe pas. Tu peux avoir un aperçu de cette réalité lorsque tu rêves. As-tu remarqué comme les événements se suivent sans véritable logique spatiale ou temporelle dans tes rêves ? Le passé, le présent et le futur semblent parfois être mêlés, n’est-il pas ? Et pourtant, pendant le temps où tu te trouves dans ton rêve, cet illogisme onirique ne te perturbe pas outre mesure, n’est-ce pas ? Même si au réveil, évidemment, ton premier réflexe est souvent de chercher la logique dans ce que tu viens d’expérimenter.
Dans ton monde en trois dimensions, tu éprouves le besoin de classifier les choses, de les compter, de les compartimenter, de les situer dans le temps et dans l’espace. Cette dernière particularité de l’espèce humaine est peut-être la plus courante. Elle donne aux hommes l’impression d’être toujours à la hauteur et de pouvoir maîtriser à chaque instant leur destin.
Or, la vie elle-même est impermanence. Elle nécessite une souplesse d’adaptation aux événements qui se suivent sans véritable logique à échelle humaine. Elle demande du courage pour rebondir, de la foi pour avancer seul, de l’amour pour évoluer parmi les autres. Mais en aucun cas elle n’est prisonnière du temps que tu lui auras imposé. Puisque la vie ne connaît pas la mesure du temps, ni ses méandres, ni ses pièges, ni ses prisons d’âmes. La vie est la vie, elle ne se mesure que dans l’instant présent.
Pourrais-tu imaginer un papillon en train de se demander si lorsqu’il butine telle ou telle fleur il est dans le passé, dans le présent ou déjà dans le futur ? De s’interroger sur le temps qu’il a mis pour voler d’une pâquerette à un pissenlit ? Tu penses que le papillon se moque bien de tout ceci et ne fait que profiter pleinement de l’instant de son vol, puis de celui de son atterrissage sur une fleur, n’est-ce pas ? Et tu auras entièrement raison. Car ce qui fait la beauté et la grâce de son vol, c’est précisément l’absence de souci qu’il se fait pour tout cela.
As-tu déjà égrainé du sable dans tes mains ? Pourrais-tu imaginer un instant pouvoir isoler un seul grain à travers ce geste ? Reconnais que la chose apparaît impossible, car chacun des grains est entraîné avec les autres au moment de sa chute, et au cours de celle-ci, tous les grains adhèrent les uns aux autres. Ainsi en va-t-il des éléments de ce que tu appelles le temps. Ils sont liés les uns aux autres, et chaque fois que tu essaieras d’en isoler un, tu te rendras compte que tous les autres vont suivre. Si tes actes témoignent de ton désir de rester dans le passé, tous les éléments du passé vont te suivre. Si toutes tes pensées sont axées sur le futur, toutes tes actions présentes deviendront de simples projections telles celles qui te hantent l’esprit.
En revanche, si tu es bien ancré dans le présent, avec la conscience du passé qui t’a permis d’ arriver là où tu es et celle du futur que tu es en train de créer, alors passé, présent et futur se retrouvent sur le même niveau à l’échelle du temps sur laquelle tu te trouves à présent, en train de créer ton monde, en même temps que tous tes frères et sœurs sur la terre.
