CARPE DIEM

  Cette locution latine signifie textuellement : « cueille le jour présent. » Longtemps après que les philosophes épicuriens en ont fait leur mantra et se sont basés sur elle pour leurs textes et leurs réflexions, cette maxime est sortie un jour de l’ombre pour se démocratiser, en quelque sorte, à travers le très beau film « Le cercle des poètes disparus ».

  Après la sortie de ce film, qui reçut plusieurs oscars, fit couler beaucoup d’encre et suscita beaucoup de réflexion pour nombre de gens, de polémiques également, l’expression « Carpe Diem » fut maintes et maintes fois reprise, dans les médias, les journaux, et même dans la rue. Cela fit l’effet d’un électrochoc pour certains, en fâcha nombre d’autres, farouchement traditionalistes. Mais la plupart des gens ayant vu le film prirent conscience de la profondeur de ces deux mots « Carpe Diem » et se promirent de les appliquer autant que possible à leur quotidien.

  Et ce fut très utile, car cela conduisit nombre de personnes à s’interroger sur le sens de leur existence. Ce film leur aura permis de comprendre qu’au sein d’une société stéréotypée qui ne laisse que peu de place à l’expression libre de soi et à la créativité, un autre modèle est possible. Un modèle respectueux du rythme de chacun, de ses aspirations, de ses idéaux, un modèle débarrassé des chaînes d’un enseignement rigide qui cloisonne et freine la créativité, plutôt qu’elle l’encourage.

  Or, chaque être humain est par essence un être créateur. La création, c’est la raison d’être de chacun. Sa force vitale. Lorsque cette force vitale est comprimée, méprisée, niée, l’être humain étouffe. Sa respiration est encore plus affaiblie sous le carcan des diktats qui lui sont imposés par la société consumériste dans laquelle il vit. Ou bien souvent survit.

  « Carpe Diem », c’est réaliser que la vie qui nous est offerte ne l’est pas pour que nous restions confinés, étouffés, liés par tout un tas de contraintes matérielles aliénantes, mais pour que nous puissions exprimer notre liberté pleine et entière. Et notre créativité en est l’un des moyens les plus importants et les plus sacrés.

  Si la carte « Carpe Diem » t’apparaît, c’est sans doute qu’il est l’heure pour toi de prendre conscience de cela. Tu es peut-être quelqu’un de très occupé. Tu es peut-être très attaché à ta carrière, aux choses matérielles, au pouvoir. C’est peut-être ce que les autres pensent de toi. Ou bien disent-ils que tu es trop sérieux.

  Prends le temps d’y réfléchir : est-ce qu’ils sont dans le vrai ?

  Si tu réponds non à la question, tout est bien. Ta situation te convient parfaitement, et il n’y a rien à redire à cela. Si c’est l’existence qui te convient et que tu es à l’aise avec cela, tout est correct également.

  Si tu réponds non, tout en te sentant vexé que les autres puissent penser cela de toi, c’est peut-être parce que tu es dans le déni de ce doute qui t’habite sur le sens de ta vie. 

  Si tu réponds oui avec tristesse, c’est que tu as pris toi-même conscience que ta vie n’est pas celle que tu aimerais qu’elle soit. Tu te sens prisonnier d’un système dont tu as hâte de sortir, afin de pouvoir mieux exprimer l’authenticité de ton être et surtout, de prendre le temps de vivre réellement.

  Aussi qu’attends-tu pour couper ton téléphone, reposer ce porte-document rempli de dossiers d’affaires que tu t’apprêtais à saisir, éteindre ton ordinateur, ôter tes chaussures et descendre les marches de ton perron ? Pour une fois, pour un instant seulement, pourquoi ne marcherais-tu pas pieds nus sur l’herbe de ta pelouse ou celle du square à côté de chez toi ? Pourquoi ne pas tourner ton visage vers le ciel pour y humer les senteurs fraîches du printemps, tout en prêtant une oreille attentive au chant des oiseaux ? Tes documents ne vont pas s’envoler pour autant, ton ordinateur ne va pas exploser, et tes interlocuteurs attendront bien ton appel quelques minutes de plus.

  Voilà ce qu’est venue te dire la cigale, de son chant strident que tu sembles ne vouloir jamais entendre : « Carpe Diem ». Prends le temps de vivre et d’apprécier la vie. Offre-le toi, ce temps, car personne ne le fera à ta place.

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