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Le générateur électrique

 

LE GÉNÉRATEUR ÉLECTRIQUE

 

 

   Nul n’oserait nier le fait que notre cœur est le siège de nos émotions, lesquelles, ainsi que nous l’avons vu précédemment, ont un impact prépondérant sur notre organisme. D’ailleurs, les nombreuses expressions comportant le mot « cœur » sont là pour en témoigner : « cœur joyeux », « cœur triste », « cœur à l’ouvrage », « cœur vaillant », « cœur léger », « cœur lourd », « le cœur sur la main », « cela me va droit au cœur », « cœur d’artichaut », « écouter son cœur », « cela me fend le cœur », « coup de poignard dans le cœur », etc. La liste est tellement longue que l’on pourrait en faire un roman. Nous n’y prêtons guère attention, tellement ces expressions sont courantes, mais n’y a-t-il pas quelque chose d’un peu étrange à associer ainsi notre cœur à la plupart de nos émotions fortes, au moyen d’expressions purement instinctives ? Ainsi, nous dirons également, en telle ou telle situation particulièrement émotionnelle quelque chose d’irrationnel : « j’ai le cœur qui bat ». Est-à ce dire que d’habitude notre cœur ne bat pas ? Non, n’est-ce pas ? Si nous le disons, c’est parce qu’en cet instant précis, nous ressentons ce battement, dont nous n’avons pas conscience en temps normal. C’est parce qu’effectivement nous le sentons battre plus fort ou plus rapidement que d’habitude. C’est dire l’impact de nos émotions sur cet organe vital pour notre corps. Si notre cœur ne fonctionne pas correctement, le sang ne circule plus normalement et nos autres organes ne sont plus irrigués. Toute l’activité intérieure de notre corps s’arrête dès lors que stoppent les battements de notre cœur. Nous savons tous combien les émotions peuvent être dangereuses pour une personne cardiaque. Clairement, un choc émotionnel intense peut la tuer.

 

   Nous voyons bien l’impact extrêmement important de nos émotions sur le fonctionnement correct de notre organisme, et combien nous nous rendons nous-mêmes malades, parfois, du simple fait de ne pas parvenir à gérer nos émotions. Nous avons donc tout intérêt à ne pas passer à côté de cette formidable source d’énergie qu’est notre cœur, autant « générateur électrique » de notre corps, que moteur de notre flux sanguin, ce fluide vital pour tout notre organisme. Et même s’il nous est souvent conseillé, dans nombre de situations de notre vie, « d’écouter notre cœur » il nous faut tout de même le faire de manière intelligente, en faisant intervenir aussi notre raison. Car de même que laisser un système électrique fonctionner n’importe comment, sans un générateur central muni d’un disjoncteur capable de prévenir la surchauffe peut avoir des conséquences dramatiques sur toute la maison, laisser n’importe quelle émotion basse noyer toutes les autres peut, à la longue, provoquer en nous un court-circuit et nous faire littéralement « disjoncter », au point même, parfois, de provoquer une maladie mortelle.

 

   Qu’est-ce qu’une émotion basse ? Comment la reconnaître ? Et comment « écouter son cœur » sans risque pour cela de recevoir « un coup de poignard en plein cœur » par la suite, ou d’avoir « le cœur brisé » ?

 

   Prenons un exemple concret : une femme douce et aimante, extrêmement empathique et généreuse, est malheureusement régulièrement violentée par son mari. C’est là le portrait classique des femmes victimes de tels lâches énergumènes. Car il n’est plus à démontrer que ces prédateurs violents s’en prennent de préférence à ce style de personnalité féminine, dont ils savent que le profil « doux, bon et empathique » leur permettra de recommencer, et recommencer aussi longtemps qu’ils en auront envie. En effet, ces sinistres individus s’intéressent précisément à ce style de femmes ayant « le cœur sur la main ». Car ils savent très bien qu’après les avoir maltraitées, parfois très violemment, il leur suffira de les inviter à « écouter leur cœur » lorsqu’ils reviendront vers elles pour quêter un pardon, pour qu’elles restent avec eux malgré tout, et qu’elles finissent par se résigner à leur statut d’éternelle victime. Car ce qu’il faut savoir, c’est que ces individus dénués d’empathie, aux intentions pernicieuses, se nourrissent littéralement de la souffrance de leurs victimes, dont ils ont besoin pour exister.

   Malheureusement, dans de telles situations récurrentes, ces proies consentantes par amour, ont un jugement altéré. La raison en est très simple : leurs bourreaux, qui sont généralement des manipulateurs pervers extrêmement habiles en paroles, font tout ce qu’ils peuvent pour qu’il en soit ainsi, et ils le font à temps complet, sans jamais relâcher leur emprise. Ils jouent précisément et très habilement sur cette faculté réflexe de leur victime à « écouter leur cœur », puisque ce sont des personnes généreuses et empathiques, qui pardonnent facilement, qu’elles sont « douces et gentilles », et ne chercheront donc jamais à riposter.

   Pour ces hommes violents envers leurs femmes, dans nombre de cas pervers narcissiques, les qualificatifs de « douce » et « gentille » qu’ils utilisent pour conserver leur ascendant sur leurs victimes, de leur voix mielleuse et hautement persuasive dans les rares périodes d’accalmie, résonnent en réalité, en leur cerveau perturbé comme «femmes soumises », par conséquent, malléables à souhait. Rien de plus.

Non, « écouter son cœur » et balayer d’un revers de main les coups ou les mauvaises paroles reçues parce que l’on a « bon cœur » ne va pas transformer miraculeusement le bourreau en tendre gentleman. Ce sera, au contraire, lors de l’épisode suivant, l’assurance d’une jambe ou d’un bras cassé, d’un traumatisme crânien, ou quelque chose de pire encore. Il n’est rien à attendre de tels individus, qui sont tout simplement dépourvus de la plus petite parcelle d’empathie, et qui ne savent fonctionner autrement que sur le modèle bourreau-victime.

 

   Lorsque nous repérons une défaillance électrique quelque part dans notre maison, ce n’est pas en appuyant sur le bouton du disjoncteur, puis en remettant en marche le système quelques secondes plus tard que nous allons réparer le dysfonctionnement. La fois suivante, peut-être que celui-ci provoquera l’incendie de toute la maison. Il en est de même en ces situations où il est porté gravement atteinte à la dignité d’un être humain.

 

   Il s’agit là d’un cas extrême, bien entendu, mais il existe de multiples autres occasions quotidiennes, moins graves et moins traumatisantes de tester notre tolérance à ces blessures d’âme ou de corps à nous « briser le cœur », qui nous invitent à revoir notre notion de la « générosité de cœur » et comment « écouter son cœur » sans s’oublier ou se renier. Car se renier soi-même pour se soumettre aveuglément à l’indélicatesse ou à la perversité de quelqu’un d’autre, sous prétexte « d’écouter son cœur » revient à se donner à soi-même un « coup de poignard en plein cœur ».

 

   Si par exemple vous avez des amis qui ont la fâcheuse habitude de profiter de vous, qui ne vous fréquentent que dans le but d’obtenir quelque chose de vous, que vous le savez et que malgré cela vous continuez à les recevoir parce que l’on vous a toujours dit qu’il faut  pardonner aux autres et « écouter son cœur », vous êtes dans l’erreur. Car la plupart du temps, cela vous rend malheureux, et le jour où vous vous apercevez de la supercherie, vous ressentez réellement ce « coup de poignard » dans le cœur à travers une crispation, parfois douloureuse, au creux de votre poitrine. Dans ces circonstances, l’équilibre futur de votre être tout entier va dépendre de votre réaction à la situation. Allez-vous pardonner aux abuseurs, qui, non seulement n’ont pas demandé pardon, mais continuent à vous tromper ? Puis allez-vous continuer à tolérer leurs abus, au risque de ressentir éternellement cette crispation de votre cœur à chaque nouveau coup de poignard ? Ou, au contraire, allez-vous écouter votre voix intérieure qui vous demande de prendre soin de vous et de vous respecter, en coupant la relation avec ces individus ?

 

   Dans les deux cas, il me semble important d’écouter avant tout ses propres ressentis. « Écouter son cœur », oui, mais aussi et avant tout dans le respect de soi-même. Respecter l’autre sans se respecter soi-même, respecter l’autre et ne pas recevoir le même respect en retour, c’est, d’une certaine façon, provoquer un court-circuit. Quelque chose n’est pas à sa place. Quelque chose ne fonctionne pas correctement. Le courant est altéré. Il convient de réparer la panne. De manière concrète, dans le cas du faux ami abuseur de générosité ou de confiance, il convient de lui faire savoir que l’on n’est pas dupe de ses manœuvres et que l’on y met fin. Si l’intéressé reconnaît cet état de fait, en éprouve du regret et demande pardon, il est alors possible « d’ouvrir son cœur » après avoir écouté sa demande, de lui pardonner, et de donner ainsi son accord implicite pour que la relation reparte sur des bases plus saines. Dans le cas contraire, et pour faire cesser la souffrance que provoque ce genre de comportement égoïste et cupide, mieux vaut couper définitivement les ponts avec une telle personne. La souffrance de la séparation n’est rien, comparée à celle de l’humiliation répétée, laquelle finit par nous ronger de l’intérieur.

 

   C’est à travers toutes ces petites décisions en apparence anodines que l’on apprend ainsi à gérer ses émotions, dans le respect de soi-même et pour un meilleur équilibre.

Toutefois, avant de réussir à gérer ses émotions, en faisant preuve de discernement dans certaines situations délicates, encore faut-il savoir les reconnaître et les nommer. Pour en revenir à cet exemple de trahison d’amitié – car prétendre être l’ami de quelqu’un uniquement en vue de lui soutirer quelque chose représente bel et bien une trahison –, il convient de nommer et d’analyser la situation dans son ensemble, puis de se demander : comment est-ce que je me sens en sachant cela ? Qu’est-ce que cela provoque en moi ? Que me dictent les diverses réactions de mon corps ? Qu’ai-je envie de dire ou de faire avec cela ? Et non pas : qu’est-ce que l’injonction « d’écouter son cœur » me dicte de faire ?

 

   En réalité, « Écouter son cœur » ne devrait jamais devenir une injonction, même pas un conseil. Il me semble qu’« Écouter son cœur » devrait aller de pair avec « écouter son corps ». Reconnaître tous les messages subtils concrets que nous envoie notre être pour nous aider à prendre une décision. Si l’on fait cela, et en résonnant à l’extrême, on peut en conclure qu’« écouter son cœur » revient alors, au cas précis, à « écouter sa raison », et ceci dans le but de préserver son cœur, justement.

 

   Ce faisant, l’on se fait du bien à soi-même, et l’on se donne tous les atouts pour vivre sereinement, dans le respect de soi. De surcroît, contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’on en fait aussi aux autres par la même occasion. Car ce n’est pas un service à rendre à autrui que de le laisser continuer à abuser de la gentillesse des autres. Au contraire, on lui rend un grand service en le mettant face à sa propre réalité. On lui offre ainsi l’occasion de s’examiner lui-même et de déterminer ce qui, en lui, fonctionne ou ne fonctionne pas. L’autre retire-t-il quelque chose de positif et de bienheureux du fait d’abuser de ses semblables, ou au contraire en éprouve-t-il une forme de honte ? Peut-être est-ce la première fois que quelqu’un ose lui dire que ce qu’il fait est inapproprié. Peut-être vient-il d’une famille où on lui a appris à fonctionner de cette manière. Peut-être qu’à ses yeux ce comportement apparaît tout à fait normal et légitime. Ou peut-être agit-il ainsi en réaction à une situation passée qu’il a lui-même subie et qui l’a fait souffrir. La question n’est évidement pas d’excuser son comportement, ni même de chercher à connaître la raison de ses agissements, mais de se dire que ce qui compte avant tout, c’est le ressenti que l’on éprouve par rapport à cela, comment y remédier, et surtout, arrêter de se culpabiliser pour avoir décidé de mettre fin à une telle relation.

 

   L’important est de faire  preuve de discernement, en classifiant soigneusement, pour son propre bien-être et son équilibre, ce qui nous paraît normal ou non, acceptable ou non, digne d’intérêt ou non, intellectuellement et spirituellement nourrissant ou non, humainement enrichissant ou non.

   Qu’est-ce qui est intellectuellement et spirituellement nourrissant pour nous ? C’est ce qui nourrit notre cœur et notre âme. Qu’est-ce qui nourrit notre cœur et notre âme ? C’est l’amour, l’émotion la plus positive et la plus forte qui existe. Et pour cause, l’Amour est aussi cette énergie puissante qui gouverne la vie. L’amour terrestre qui nous unit à nos contemporains nourrit notre cœur, favorisant ainsi sa bonne irrigation. L’amour divin est l’expression de notre âme, et s’autoalimente en même temps de ses propres vibrations positives.

 

   Si l’on devait utiliser un seul mot pour décrire l’attitude à adopter pour un éveil et un équilibre parfait de notre chakra du cœur, ce serait le mot « Amour ». Aimons sans compter, spontanément, chaleureusement, avec intensité. Ne retenons plus nos émotions, n’ayons pas peur d’exprimer nos sentiments. Ne craignons plus les répercussions possiblement négatives si nous les exprimons. Toutefois, faisons-le de manière intelligente et sensée. Qui a dit que les mots « amour » et « intelligence » étaient antinomiques ? En revanche, « amour » et « irrespect » le sont, ne l’oublions jamais, qu’il s’agisse du respect envers les autres ou envers soi-même. Notre cœur ne nous demandera jamais de tolérer quoi que ce soit qui puisse nuire à notre équilibre et à notre bien-être, car il sait mieux que quiconque que cela aurait des répercussions désastreuses sur lui-même, et par voie de conséquence sur notre entourage.

 

   Il apparaît par conséquent urgent et capital, en chaque relation et en chaque événement, de redéfinir pour soi-même ce que signifie réellement « écouter son cœur ».

 

 

 



29/01/2023
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