Le grain de raisin
LE GRAIN DE RAISIN
L’unique bon grain de raisin d’une grappe pourrie peut ravir les papilles, oui ! Bien sûr !
Tous les enfants du monde n’ont malheureusement pas la chance de naître dans une « bonne » famille. Mais voyons d’abord ce qu’est une « bonne » famille.
Une « bonne » famille n’est pas nécessairement une famille qui offre l’aisance et le confort matériel, voire l’opulence à tous ses membres, non. C’est une famille où règne l’amour, lequel nourrit la cellule familiale et rayonne en même temps vers l’extérieur.
Si tu es né dans une telle famille, mesure bien ta chance, apprécie ce bienfait inestimable à sa juste valeur, continue à le faire vivre, le plus longtemps possible, en n’oubliant pas toutefois tous ceux et celles qui n’ont pas eu cette chance. Ceux-ci auront sans doute besoin de toi, de ton écoute, de ta bienveillance, de ta compréhension, de ton soutien, de ton empathie, de ton aide dans la construction de leur propre famille, dont ils ne connaissent pas les règles fondamentales de bon fonctionnement, puisqu’on ne leur a jamais appris.
Si tu n’as pas eu cette chance de naître dans une bonne famille, mais que tu possèdes le recul nécessaire pour pouvoir affirmer cela, c’est déjà que tu te positionnes comme différent par rapport à celle-ci, et c’est là un très bon signe. Car il t’aura fallu te singulariser en remettant en cause ce que l’on t’a inculqué, et ceci malgré tous les obstacles et toutes les difficultés. Ce qui t’aura demandé énormément de courage, de force et d’opiniâtreté, et tu peux en être fier.
Si tu es obligé de constater que tu es né dans une très mauvaise famille, d’où non seulement l’amour était absent, mais où tu respirais la peur et la souffrance au quotidien, et que tu peux te dissocier de tout cela, que tu peux même émettre un jugement sur la toxicité de ce que tu as vécu, tout en construisant sainement ton propre avenir, c’est que tu es doué d’une capacité de résilience hors du commun qui mérite d’être saluée.
Tu peux aussi, malheureusement, faire partie de ces êtres au vécu si terrible qu’un sentiment de culpabilité perdure en toi des années et des années plus tard. Étant enfant, tu n’as pas été reconnu dans ta différence au sein de ta propre famille. On ne t’a pas écouté, protégé pour cette singularité. Tu t’en es même senti trahi, rejeté. Tu étais considéré comme le vilain mouton noir qui dérange par cette vérité qui met à nu les écueils des autres. Tu t’es senti nié dans ta propre existence, tu as été rejeté, maltraité, voire martyrisé pour cela. Ajoutée à cette souffrance, celle, peut-être, de n’avoir pas pu protéger d’autres membres de ta famille, plus faibles que toi, et/ou, par désespoir, d’avoir ajouté tes propres fautes au bagage familial déjà très lourd. Et voilà la culpabilité qui s’est installée peu à peu au fil des années, pour rester très longtemps.
Car même après que tu as réussi toi-même à fonder une « bonne » famille, même quand tu as vaincu tes vieux démons, tu continues à te culpabiliser pour tout ce que tu n’as pas réussi à dire ou à faire par le passé, afin de changer les choses, d’empêcher ou de réparer les erreurs des autres, ainsi que pour tout ce que tu as toi-même fait.
STOP!
On n’est responsable que de ses propres actes. Seul à seul avec soi-même, donc avec Dieu. Ce que le Divin t’a déjà pardonné, Il l’a du même coup pulvérisé avec l’épée flamboyante de son amour, et personne ne peut le ressusciter, pas même toi. Alors, ne fais pas revivre indéfiniment en toi-même ce qui n’est plus. Ce dont les autres se sont rendus coupables hier n’a aucune raison valable d’occuper ton esprit aujourd’hui. Nul n’est responsable des erreurs des autres. Tu ne l’es pas non plus, ces autres soient-ils tes parents ou tes frères et sœurs. Aux yeux de Dieu, qui juge toujours avec la balance de l’amour, ils sont pour eux-mêmes les seuls responsables de leurs actes. C’est une évidence, mais qui méritait de t’être rappelée, afin que tu la conscientises vraiment.
Cesse de juger ta vie à l’aune des autres vies. Concentre-toi sur toi-même et sur la façon dont tu nourris ton âme. Oui, tu es ce grain de raisin sain, juteux, parfumé et savoureux rescapé d’une grappe pourrie, et alors ? Sois-en plutôt fier, car par la grâce de Dieu, c’est ta foi, ton courage et ta détermination qui ont rendu ce miracle possible.