LE PRINTEMPS DU CŒUR

   À chaque instant tu décides, consciemment ou non, quel temps il va faire en ton cœur. Toutes les bonnes raisons que tu te donnes d’y faire durer l’hiver au lieu d’y accueillir le printemps ne sont que de mauvaises excuses. « J’aimerais bien laisser libre cours à ma joie, mais… je ne peux pas faire abstraction de cet autre qui m’en empêche ; je ne peux pas être heureux à côté de tous ces autres qui souffrent ; je ne peux pas oublier les mauvais souvenirs, les épreuves difficiles que j’ai dû surmonter, le mal que l’on m’a fait… »

   Réfléchis un instant : est-ce bien cet autre qui t’en empêche ou est-ce toi qui lui donnes implicitement l’autorisation de t’en empêcher ? Est-ce qu’être heureux ou malheureux dans l’instant présent peut changer quoi que ce soit au malheur d’autrui ?

   Les mauvais souvenirs, les difficiles épreuves du passé, le mal que l’on t’a fait, sont-ils tes maîtres ou est-ce toi qui leur tends toi-même les chaînes qui serviront à te ligoter ?

   Parfois, il est plus facile de dire « j’aimerais bien laisser libre cours à mon bonheur, mais je ne peux pas pour telle ou telle raison », que d’accueillir ce bonheur qui fait peur. Et pourquoi le bonheur fait-il peur ? Parce qu’il t’oblige à faire face à tes échecs et à tes contradictions, à te positionner par rapport à eux. Le sentiment de « malheur », la rumination de tes pensées toxiques peuvent avoir quelque chose de rassurant, parce qu’il s’agit là d’un schéma usuel pour toi. En revanche, l’acceptation, l’expression de l’authenticité de ton être t’apparaissent comme des innovations dont tu ne connais pas encore les répercussions, sur le plan des émotions et des sentiments susceptibles de t’ébranler.

   Pourtant, accepter ce sentiment d’être heureux, tout simplement, indépendamment des éléments extérieurs, et s’autoriser à l’être, loin de nuire à qui que ce soit, permet au contraire, à travers la sensation de liberté induite, de rayonner autour de soi ce bonheur, puis d’en faire profiter les autres. D’une certaine façon, laisser fleurir le printemps dans son cœur, c’est semer des graines d’amour pour le monde.