Perle de vie
Bien sûr, il n’est jamais agréable de pleurer, surtout des larmes de détresse. Lorsqu’elles surgissent, ces larmes-là apparaissent comme un torrent dévastateur qui bouleverse tout sur son passage et plonge ensuite celui ou celle qui les verse dans un état de grande faiblesse. On se sent vidé de toutes ses forces, privé de ses sens, lesquels semblent anesthésiés. On a un peu l’impression d’être dans un état second. On se dit qu’aucune larme de plus ne pourrait nous rendre plus dépourvus de consistance.
Et pourtant, c’est justement à ce moment-là que tout peut recommencer, que la machine peut repartir, une fois qu’elle a été vidée de ce qui empêchait ses rouages de fonctionner.
Lorsque ton désespoir est si grand que tu peines à retenir tes larmes, ne les empêche surtout pas de couler. Si ta pudeur te retient de laisser sortir ton chagrin devant les autres, isole-toi. Mais ne contiens pas le flot de tes larmes, laisse-les se déverser, elles sont libératrices et te laveront de tout ce qui te retient encore prisonnier à l’intérieur de toi-même. Tu verras alors, après le déversement du fleuve puissant, en cet état d’étrange accalmie qui ressemble à l’œil d’un cyclone, cette perle de vie annonciatrice d’un océan de paix.
