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Pardon

 

PARDON

 

 

  Qui doute encore de la vertu du pardon ?

Même lorsque l’on fait partie des gens qui ont du mal à pardonner, l’on sait très bien au fond de soi que le pardon est nécessaire. Car à défaut de pardonner, la rancœur s’installe en nous, parfois durablement. Dans le meilleur des cas, elle nous donne quelques crampes d’estomac ou des maux de tête. Dans le pire, elle est un poison qui se distille dans nos veines, envahissant ainsi tout notre être. Quoi qu’il en soit, elle nous empêche de vivre sereinement.

 

  Soit, il est des paroles ou des comportements qui nous apparaissent difficilement pardonnables. Plus la blessure physique ou morale qui nous a été infligée est conséquente, et plus elle a été répétée, plus le pardon nous semble impossible. L’idée même de pouvoir pardonner un jour peut sembler alors totalement inenvisageable.

 

  Peut-être es-tu dans ce cas, et peut-être est-ce la raison pour laquelle la carte du pardon t’apparaît aujourd’hui. Éprouves-tu du ressentiment envers quelqu’un qui t’a blessé par le passé ? As-tu du mal à oublier la blessure, même après des semaines, des mois, voire des années ? En es-tu encore à ruminer les faits sans pouvoir t’en libérer ? Cela devient-il une telle obsession que tu as véritablement l’impression que tu es harcelé par tes propres pensées ?

  Si tu as répondu « oui » à l’une de ces questions, peut-être est-il temps pour toi de réexaminer la situation. T’es-tu déjà demandé ce qui pourrait se passer si tu décidais de pardonner à cette personne ? Peut-être pourrais-tu retrouver la paix intérieure si tu y parvenais ?

 

  Le principe du pardon n’est pas seulement de ne pas tenir rigueur à une personne pour la faute qu’elle a commise, mais aussi, et surtout, de gommer le ressentiment que l’on éprouve à cet égard. En pardonnant, on se libère soi-même tout en libérant l’autre.

Pardonner à quelqu’un une offense, une trahison, une injustice, que celle-ci soit commise envers soi ou envers d’autres, c’est décider de détourner les yeux de la faute pour fixer son regard sur la personne. En agissant ainsi, non seulement nous offrons à l’offenseur une occasion de se racheter, mais en même temps nous nous libérons du poids de notre ressentiment. Qui sait si en pardonnant à telle personne tu n’auras pas sauvé son âme, en l’extrayant d’un cercle vicieux qui était en train de la mener à sa perte ?

 

  Un individu ne se résume pas à sa faute. Bien souvent, ce sont les circonstances de sa vie passée qui ont conduit un homme à se comporter de telle ou telle manière.

 

  Victor Hugo a très justement et avec beaucoup de force illustré cette idée dans son roman, « Les misérables », à travers l’exemple de Jean Valjean :

  À peine sorti du bagne où il a purgé une peine de dix-neuf ans d’emprisonnement pour vol, l’ancien forçat va très vite replonger dans son ancien vice, la rage au ventre, animé qu’il est d'un désir profond de revanche contre la société.

Après avoir été refoulé avec mépris de toutes les auberges où il s’est présenté, il est chaleureusement accueilli par un évêque qui lui offre gentiment le gîte et le couvert. Au lieu de le remercier pour son geste, Jean Valjean va attendre la nuit pour lui voler de l’argenterie, avant de s’enfuir.

 

  Dès le lendemain, les gendarmes vont arrêter cet individu suspect habillé de guenilles qui se promène tranquillement avec des objets de valeur. Ce dernier prétend que ceux-ci lui ont été offerts par un « curé ». Les gendarmes vont donc escorter fermement leur suspect jusqu’au domicile de Monseigneur Myriel, dans l’intention de vérifier ses dires.

 

  Que va faire l’homme d’église ? Va-t-il confirmer aux gendarmes que les objets lui ont bien été dérobés ? Absolument pas. Au contraire, il va leur mentir et prétendre avoir offert lui-même les ustensiles à son hôte. Il va même ajouter en s’adressant à Jean Valjean : « vous avez oublié de prendre aussi les chandeliers ». Sans oublier de rappeler au voleur sa promesse de s’attacher à devenir meilleur avec l’argent qu’il réussirait à en récolter. Naturellement, tout ceci était entièrement faux.

 

  Pourquoi l’évêque a-t-il fait cela ? Et quelle leçon pouvons-nous en tirer ?

  Monseigneur Myriel a agi ainsi parce qu’il a immédiatement su regarder au-delà du méfait commis par le voleur. Au lieu de laisser son attention fixée sur sa faute, il l’a reportée sur l’âme de cet homme à laquelle il offrait ainsi une chance d’être épargnée.

Par son geste, ce n’est pas que l’évêque ait considéré ce vol comme quelque chose d’excusable et d’acceptable, même si le voleur n’avait prétendument connu que le malheur dans sa vie. Car il n’est pas normal de faire porter à quelqu’un d’innocent le poids des blessures que l’on a pu subir par le passé.

 

  Ce qui a motivé le geste de profonde compassion de l’évêque, c’est d’avoir su lire dans le regard du voleur toute la souffrance cachée derrière son geste. S’il n’avait agi de la sorte, l’évêque aurait failli à son rôle et trahi lui-même sa soutane, en condamnant un homme à retourner au bagne. Du même coup il aurait contribué à ce que l’homme s’enfonce encore plus profondément dans le malheur.

 

  Si la carte du pardon t’apparaît aujourd’hui, c’est sans doute qu’il te reste encore quelque chose à pardonner à quelqu’un.

  Si tu es croyant, tu dois avoir appris et déjà expérimenté cette notion de compassion que chacun de nous devrait éprouver envers son prochain. Or, rancœur et compassion font rarement bon ménage, elles sont même opposées l’une à l’autre.

 

  Quelle est cette personne envers laquelle tu éprouves encore quelques restes de rancœur ? Éprouves-tu aussi pour elle, à d’autres moments, quelque petite pincée de compassion, d’amour ou d’amitié ? En quelles circonstances te sens-tu le mieux ? En ceux où tu es rongé par le ressentiment, ou en ceux où tu laisses la place à la compassion ? Prends le temps d’analyser les sentiments que tu éprouves en l’une ou l’autre de ces occurrences. La véritable question est : lesquels de ces sentiments te représentent le mieux, et surtout, lesquels sont les plus apaisants pour ton âme ?

 

 Et pose-toi les deux questions les plus importantes à cet instant : suis-je prêt, maintenant, à me libérer de ce qui me maintient encore prisonnier d’un passé pesant ? Suis-je capable d’offrir à cet autre la seule chose qui rende cela possible : le pardon ?

 

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31/08/2024
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